[HS] Le titre est pas sûr, si tu veux le changer y a pas de problème : ) [/HS]

Le soleil s'était levé depuis bien longtemps désormais. Midi était passé depuis peu, et la chaleur s'était ainsi fait bien plus forte au sud des Terres Noires, dans le désert que les gens avaient tout simplement baptisé "Désert des Kromarks".
Almik bailla. Depuis que Séréna, la lune jaune, avait disparu du ciel, il n'avait pas arrêté. Il avait rencontré à l'aube un des marchands de Turnail qui lui avait demandé de transporter des marchandises à l'autre bout du désert et après quelques longues minutes, il était enfin parti, seul. Il était rare qu'il voyage sans autre kromark, mais les marchandises étaient peu nombreuses et il était tout à fait possible de les transporter à l'aide d'une seule sharim : aussi il avait embarqué avec Taipu, sa propre chenille géante, avec l'espoir infime de trouver quelques voyageurs qui auraient eu la folie de s'aventurer dans le désert. Almik adorait leur poser des questions. Certains n'étaient pas très bavards, d'autres allaient même jusqu'à l'ignorer... Mais il restait toujours ceux qui répondaient poliment.  

Le kromark sentit sa shamir frémir. Il la caressa légèrement en souriant.

"D'accord. On va la faire, cette pause."

Ils continuèrent encore quelques dizaines de minutes avant que la sharim ne s'arrête, épuisée. Les grands yeux d'Almik se posèrent sur le paysage. Le désert était encore vaste, les dunes semblaient encore s'étendre à l'infini, mais elles étaient bien plus petites, bien plus étalées que dans le centre même du désert, laissant ainsi autour d'eux une large place entièrement plate sur laquelle il pouvait se poser. Le sable ocre avait laissé la végétation pousser sans la recouvrir, et dans cette immensité orangé, on pouvait voir dépasser par endroit de maigre touffe verdâtre, ou des troncs dépourvues de feuille, complètement séché. C'est sous l'un d'eux qu'ils s'étaient arrêtés.
Le reptile humanoïde descendit de son immense chenille en réfléchissant. Ils pourraient se reposer une demi-heure encore, après quoi il leur faudrait repartir s'ils ne voulaient pas livrer la marchandise trop tard.
Almik prit quelques gorgées d'eau et nourrit par la même occasion Taipu. Il s'occupa ensuite d'enlever les marchandises du dos de la chenille, la libérant ainsi d'un certain poids. Seulement, alors même qu'il commençait à débarrasser le dernier sac, il effectua un faux mouvement qui fit tomber ce dernier, l'ouvrant par la même occasion : des boîtes tombèrent dans un bruit sourd, produisant de la poussière tout autour d'elles. Le kromark s'affola l'espace d'un instant, et replaça les boîtes dans leur emballage tout en maudissant sa maladresse ; à côté de lui, Taipu frémit à nouveau.


"Je sais, je sais ! Je devrais faire plus attention."

Il soupira et plaça le bagage avec le reste des affaires, sous le tronc asséché. Il les regarda encore longuement. Il était parti si précipitamment de Turnail, qu'il n'avait même pas pris le temps de connaître le marchand ni ce qu'il devait transporter. Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait : et pendant l'espace d'un instant, il s'imagina ouvrir les bagages et observer ce qu'il y avait à l'intérieur. Mais il se reprit rapidement : ce n'était pas ses affaires. Il n'avait pas à fouiller dedans, le marchand comme le destinataire n'aurait probablement pas voulu. Et puis, s'il avait tenu tant que ça à connaître ce qu'il y avait à l'intérieur, il aurait dû rester plus longtemps vers la ville portuaire !
Almik s'assit. Il n'aimait pas cette ville. Okto lui en avait dit bien du mal, et pourtant, le vieux reptile aimait beaucoup ce monde : il y avait trop de danger là-bas. Non, décidément, le jour où il partirait, ce ne serait certainement pas à Turnail qu'il irait.

Un nouveau frémissement de sa sharim le fit sursauter, le tirant de ses vains rêves de voyages et de découvertes. Le kromark se releva, les sens aux aguets.


"Il y a quelqu'un ?"

Il n'était pas particulièrement inquiet, mais il se mettait quand même sur ses gardes, tenant les bagages, prêt à partir. S'il y avait bien quelqu'un, cela pouvait autant être un simple voyageur qu'un voleur... Peut-être même il y avait-il plusieurs personnes. Même si dans le désert, on tombait rarement sur des bandits, il fallait être prudent.
Dans tous les cas, l’intrus, ou les intrus, étaient assez loin pour qu'il ne puisse pas les voir : dès lors qu'ils se montreraient, Almik les verrait et pourrait partir s'il s'agissait de gens malhonnêtes.  

Ce ne fut que quelques secondes après qu'il eut posé sa question qu'Almik la vit enfin. Une silhouette blanche se dessina en haut de la dune face à lui, s'arrêtant net lorsqu'elle fut enfin clairement visible. Même d'aussi loin il parvint à distinguer un visage, un visage bien pâle et de femme humaine, et une longue chevelure blanche cachée en partie par la capuche de la même couleur. Capuche qui lui retomba sur le dos, et la jeune humaine vacilla et tomba, le sable l'emportant au bas de la dune.

"Mince !"

Le kromark s'élança et arriva très rapidement au niveau de la femme inconsciente, s'agenouilla vers elle. Avec délicatesse, il la retourna. C'était une très belle jeune femme, à la peau d'un blanc pâle. Ses yeux fermés étaient plissés par la douleur, et les sourcils froncés. Il remarqua qu'elle transpirait, et passa ainsi instinctivement sa main écailleuse sur le front de l'humaine.
Il la retira aussitôt, soucieux. Elle était brûlante.

"Taipu, fais-lui un peu d'ombre. Ce ne serait pas grand-chose mais elle va en avoir besoin !" s'écria-t-il en prenant la malade dans ses bras.

Il la plaça dans l'ombre que lui faisait le Sharim, lui enleva la cape qui la recouvrait puis ouvrit une des gourdes qu'il avait emmené. Il se mouilla la main et caressa le visage de la voyageuse afin de l'humidifier, puis lui ouvrit doucement la bouche afin de lui faire boire quelques gorgées. Il lui aura fallu bien plus d'eau pour soigner ainsi un coup de chaleur, mais le liquide était bien trop précieux dans le désert pour le gâcher.
Il fit une moue tout en réfléchissant le plus rapidement possible. Il possédait quelques dons de soins, et s'en servait plus généralement pour soigner les blessures ouvertes. En revanche, lorsqu'il avait été formé au métier de soigneur, il y avait bien longtemps, nombres des gens qu'ils avaient dû garder pour que son père ou sa sœur les guérissent possédaient les mêmes symptômes que cette jeune humaine. Il lui était même arrivé d'aider à en soigner plusieurs, mais c'était toujours ceux qui étaient les moins fiévreux, les moins touchés.
Il inspira profondément, ferma les yeux pour mieux se concentrer et posa une de ses mains sur le front de la femme. Sa paume brilla d'un éclat blanchâtre et une chaleur traversa son bras entier, de l'épaule au bout de ses doigts.
L'espace d'un instant l'ombre autour de lui se dissipa. L'éclat disparut petit à petit et dans le même temps, la sensation de chaleur s'évapora. Almik ouvrit les paupières. Sa magie de lumière n'avait pu soigner entièrement l'humaine, mais elle avait déjà un peu calmé la fièvre et la jeune femme en semblait déjà plus sereine, même si son front était encore chaud. Il se maudit encore une fois. Sa magie n'était pas aussi développé que celle de sa sœur ou de son père, mais au moins il pouvait la faire se sentir mieux. 

"Il y a une oasis non loin d'ici... Il faut y aller, on pourra la désaltérer comme il le faut."

Taipu frémit comme pour acquiescer. Il reposa rapidement les affaires du marchand sur le dos de Taipu, manquant de les faire tomber à plusieurs reprises à cause de sa maladresse et de sa hâte. La demi-heure qu'il s'était laissée serait dépassée, mais il préférait sauver une vie, quitte à être en retard.
Il posa la jeune femme sur le dos de la chenille géante et cette dernière se mit à avancer immédiatement. L'oasis dans laquelle il allait l'emmener était une sorte de point de passage pour les transporteurs comme lui, une sorte de route commerciale, en quelque sorte. Il n'y avait aucun village construit à côté, contrairement à d'autres oasis du désert ; mais cela permettait tout de même de se désaltérer et de se reposer pour les transporteurs qui avaient du temps devant eux... Et, dans leur cas, de soigner plus convenablement la voyageuse.

Il y avait une dizaine d'individus tous armés de cimeterres. Ils avaient dressé un campement. Après avoir diné, rapidement ceux qui n'étaient pas de garde allèrent se coucher sous les tentes. Elwynn pensait descendre discrètement, tuer les sentinelles puis achever les autres dans leur sommeil. Cela ne lui posait pas le moindre état d'âme, elle était certaine qu'ils n'avaient laissé aucune chance à leur caravane. Mais rien ne se passa comme prévu.

Elwynn venait de se rendre compte d'une chose : Almik était vraiment maladroit et avoir quelqu'un de maladroit pour une mission d'observation c'était vraiment pas la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Elle tenta par reflexe de le rattraper quand il glissa sur le sable mais s'était peine perdue, beaucoup plus lourd qu'elle, il l'aurait entrainée dans sa chute. La jeune femme le lâcha avant d'elle aussi s'effondrer au milieu des tentes.

"Et merde !!" pesta-t-elle en voyant l'ensemble des bandits réveillés  par le capharnaüm.

Trop occupés par la présence du kromark écrasant l'un des leurs ils n'avaient pas vue l'aventurière dissimulée en au haut de la dune. La jeune femme n'attendit pas longtemps pour réagir, elle était impulsive cela lui avait bien souvent attiré des ennuis, cette fois encore ce serait surement le cas. Avec un cri de rage, elle s'élança l'épée au clair à l'assaut des brigands. Avec l'obscurité quasi totale l'effet de surprise fut de son côté et elle en tua deux avant que les autres ne se rendent compte de sa présence.

Mais elle avait beau être une excellente bretteuse, seule face à autant d'adversaires, elle ne pouvait pas tenir très longtemps. Au cours du combat, un autre homme s'effondra et deux abandonnèrent après de vilaines blessures mais les autres prirent le dessus. L'un d'eux, massif la plaqua au sol de tout son poids, Elwynn étouffa un cri et en lâcha son épée. Elle n'avait pas du tout vu ce qu'il était advenu de Almik et elle espérait qu'il ait réussi à s'enfuir. Le mieux pour lui aurait été de retourner auprès de sa sharim et de partir le plus loin possible.

"Stop !" hurla soudain celui qui semblait être le chef de la bande. Il avait tout de l'allure d'un pirate, le bandeau sur l'œil gauche, une veste à col large qui lui arrivait à mi-mollet, des bottes et une épaisse barbe qui cachait la moitie de son visage. Lui avait laissé ses hommes se battre il était resté près d'Almik le menaçant toujours de la pointe de son cimenter.  Il fixait la jeune femme d'un regard mauvais, il fit un signe de tête à la brute qui la maintenait au sol. Puis il s'adressa au kromark.

"Ceux de ton espèce sont guérisseurs non ? Alors soigne mes compagnons et je la laisserai en vie."

La brute pour appuyer la demande de son chef redressa Elwynn, lui maintenant le bras gauche plié dans le dos, il posa la lame du cimeterre sur sa gorge et appuya légèrement pour l'obliger à se mettre sur la pointe des pieds.

En attendant que Almik s'exécute, les bandits lièrent les mains de la jeune fille. Elle fut installée près du feu de camp sous bonne garde. Étrangement les autres après avoir remis leurs tentes en place allèrent de nouveau se coucher. Almik lui aussi ligoté avait été installé près du feu. Aucun n'avait tenté de voir si leurs agresseurs étaient seuls. Ils semblaient tous éreintés. Si au début Elwynn se sentait fière d'avoir réussi à suffisamment les épuiser pour qu'ils abandonnent toute prudence, quand les deux gardes qui les surveillaient commencèrent à piquer du nez sans raison, elle se posa des questions. Alors que tout le monde ronflaient dans le camp, elle chuchota à son compagnon.

"Tu peux te libérer ?"

Elle n'y arrivait pas, ils avaient bien serrés les liens.

Il était arrivé bien trop tard pour sauver la caravane ayant perdu du temps à tenter de retrouver Elwynn. Quand Lucas avait retrouvé les kromarks, les pillards les avaient tous massacrés, leurs sharims aussi et la marchandise avait évidement disparut. Bien qu'il ne s'autorisait pas à le montrer une colère sourde l'envahit. Sa promesse lui pesait dans ses moments là. Le guerrier s'empressa de suivre les traces laissées par les assassins. Ne prenant aucun repo, il les rattrapa très rapidement et se décida à agir quant ils s'arrêtèrent dans une oasis pour la nuit. Il attendit la nuit noire pour agir et personne n'aperçut l'Ombre se faufiler jusqu'à la marmite où bouillonnait le repas. Lucas vida une fiole entière d'un puissant somnifère.
Maintenant il n'avait plus qu'à attendre que son poison agisse. Il ne comptait pas les tuer cela lui était interdit mais une fois désarmés, il pourrait les ramener vers un ville où ils seraient jugés. Quelle ne fut pas sa surprise de voir débarquer un kromark et Elwynn de manière si peu discrète. Il était prêt à intervenir et faillit le faire quand elle se retrouva sous la menace du cimeterre. Mais finalement comme les bandits visiblement ne comptaient pas les tuer immédiatement, il s'en tint à son plan initial.

Il ne fallut pas attendre longtemps pour que le somnifère fasse effet malgré la décharge d'adrénaline causée par le combat. Au bout d'une heure tout le monde dormait et Lucas put sortir de sa cachette. Il s'avança en arrivant derrière sa compagne d'aventure qui penchée sur le kromark lui demandait s'il pouvait se libérer de sorte qu'elle ne pouvait le voir, néanmoins Almik lui le pouvait. Il s'accroupit derrière Ewynn sans qu'elle ne s'en rende compte.

"Encore dans de beau drap partenaire ?" dit il malicieusement.